lundi 25 avril 2011

Chronique brésilienne en périphérie de Salvador

Escapade à Morro de Sao Paulo pour fêter le ti-Jésus. Je trouve une petite pousada, une des seules qui a encore quelques chambres de libre en ce weekend férié. L’une des propriétaires me dit qu’elle est à Salvador. Elle me propose de faire le chemin avec elle. Une route qu’elle dit utilisée par les locaux uniquement, dont le prorata temps-coût est apparemment beaucoup plus avantageux que le traditionnel catamaran qui vous fait vomir vos entrailles (sans blague). Pourquoi pas ? On apprécie l’effort de l’hôte pour son invité. Exubérante et très loquace Zulima, originaire d’Espagne, me tient compagnie. C’est bien mais j’ai besoin d’un peu d’espace et de silence. Je lui fais comprendre gentiment. Après 5 heures (qui ne devaient qu’en être 2 selon ses dires), nous sommes sur le point de mettre pied sur l’île. Bon, le paradis m’attend à ce qu’on m’a dit. J’inspire donc et je laisse filer ce que je sens être l’émergence d’une certaine impatience.

Le paradis ????? Pas pour bibi. On repassera. Morro, c’est un joli cliché, une carte postale qu’on enverrait à maman. Sans plus. Sans compter l’appétit soutenu et la préférence de nos amis moustiques pour la cuisine fusion, celle des « estrangeiros ». Le terroir, ils n’en ont rien à foutre eux. Hence, je serai leur plat de résistance durant mon séjour. Je vous laisse imaginer les effets désastreux que ce festin a laissés.

Je rencontre 2 danoises d’une cinquantaine d’années au souper. Froidement sympathiques, stoïques et blondes bien évidemment. Tout est dans la mesure, la retenue, le bâton fraie son chemin jusque dans le cou. Dur, dur d’être danoise. Nous discutons de tout sauf de nos professions respectives. Nos impressions sur le Brésil, la croissance économique du pays et ses effets pervers, nos passions, nos dernières lectures.

L’une d’elle, Britta (pas pu m’empêcher d’avoir l’image d’un pichet d’eau limpide et inodore quand elle m’a dévoilée son nom) a un drôle de passe-temps. Elle collectionne les histoires d’amour, les vraies, les drames politico-amoureux, ceux que l’on pleure à l’échelle internationale. Sérieusement burlesque son affaire. Elle m’en raconte quelques-unes. Je la complimente. Ses histoires, elle les raconte bien. Elle me dit que c’est l’amour qui l’a guidée jusqu’à cette habileté. ”If you want your lover to maintain his interest in you, you need to be a good storyteller. Otherwise, he’ll go away”. Hmmm, ça m’évoque l’histoire de Karen Blixen, romancée par Pollack dans Out of Africa. The Ennglish Patient aussi. Et The Cook, the Thief, his Wife and her Lover. La littérature nous a donné à goûter les plus belles histoires d’amour. En retour, nous lui assurons une place de choix au sommet de la hiérarchie amoureuse. Mise en abîme à sa plus simple expression. L’éveil de la sensibilité à l’autre par les mots. Des ébats amoureux discursifs qui naissent et s’échouent sur la grève narrative.

Nous continuons notre conversation sur la plage, à demi-mots, à mesure que la nuit brésilienne enveloppe les confidences d’étrangères outre-mer.

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