dimanche 27 février 2011

Diego Piccinni da Todi & Sylvain Bouthillette


Ce n'est qu'après avoir passé un bon moment devant ces deux oeuvres, situées dans deux galeries différentes, sur deux étages distincts du Belgo, que j'ai réalisé que sous leur apparente dissociation formelle, se trouvaient en fait deux oeuvres intimement liées dans leur propos.

Diego Piccini da Todi présente la série Incarnation II qui traite de la mutation humaine que provoque les principaux types de pollution. Accrochées au mur, de grandes plaques de verres sur lesquelles sont imprimées des corps, vêtus de leurs maux respectifs.

Pollution naturelle, technologique, sociale et mentale

Les 3 premières mises en scène (naturelle, technologique et sociale) nécessitent un mouvement vers l'extérieur pour désamorcer la mutation. Ce qui n'est pas le cas de la quatrième. L'incarnation de la pollution mentale se présente différemment, unique dans son propos et contradictoire dans son mouvement, par rapport aux 3 premiers. Elle nécessite une introspection, un changement qui s'opère de l'intérieur, sans égard aux influences externes. En fait, faisant précisément fi de l'extérieur et des pulsions injectées. C'est le tableau le plus immanent de tous, le seul à connotation spirituelle.

Un texte accompagne chacune des mutations... celui de la pollution mentale résonne, du moins chez-moi, aujourd'hui, maintenant.

"... Combien d'entre vous se laissent sculpter quotidiennement par l'angoisse et le doute, alors qu'un simple lâcher prise suffirait pour vous rendre compte de l'immensité de votre esprit naturel au repos..."

À son tour, Sylvain Bouthillette aborde un thème similaire, mais livre ses préoccupations plus crûment. Il soutient que la spiritualité se pratique les mains sales, au coeur de la vie. On comprend la pertinence du tigre, minutieusement travaillé, qui rugit, qui semble vouloir s'acquitter de la toile pour nous sauter au visage. C'est agressif, c'est trash. C'est en opposition avec le message qu'il porte, des mots empreints de cette dimension spirituelle qui parsème le travail de l'artiste.

"Laissez tomber la tête dans le coeur, le coeur dans le ventre et remontez le ventre dans la tête"

Nous gagnerions tous à pouvoir jouer hors de notre zone de confort, à être confortable dans l'inconfort, à accepter le bouleversement, l'inattendu, l'anodin qui devient révélateur, le laid qui se révèle beau. Là réside la véritable évolution.

Un dernier fait retient mon attention.
Les deux artistes sont bouddhistes...
Pour quiconque a l'oeil avisé et le coeur exercé, ça se sent.




jeudi 17 février 2011

Kali Yuga, l'âge de fer

Selon la cosmogonie hindoue, nous vivons actuellement dans le quatrième et dernier âge du cycle des Yugas. L’espace-temps le plus court, qui contrairement aux 3 Yugas précédents se définit par une souffrance incessante où l’on assiste à l’émergence de tous les vices et à la dégénérescence spirituelle.

Plus aucune attention n'est portée au dharma.
Des 4 piliers qui normalement le soutiennent, il n'en subsiste qu'un : la vérité
Elle se tient là, béate devant nous, sans espoir de fuite ou de métamorphose, portée au grand jour dans toute sa laideur.

Nous vivons dans le Kali Yuga, l'âge de fer, celui qui s'effrite de tout son sens, qui n'a plus l'essence pour recouvrir les plaies ouvertes.

J’ai eu la chance d’assister à un magnifique satsang samedi soir dernier, dans le décor pur et paisible de l’ashram de Val-David.

Pourquoi chantons-nous à l’occasion d’un satsang ?

C'est la tradition. On chante, car on croit.
Mais qu'arrive-t-il lorsque les mots n'ont aucune signification pour nous ?
Qu'il s'agisse de la barrière linguistique ou du doute face à ces croyances, à cette philosophie ?

Pourquoi les chantons-nous tout de même avec autant de conviction ?

Simplement parce que ces mots, que nous entonnons avec un peu plus d'ardeur à chaque refrain qui inlassablement se répète, c'est une énergie brute, notre énergie, notre voix qui fonce de plein fouet dans la résistance de ce monde.

dimanche 6 février 2011

Sur l'écriture

Étrange et mystérieuse consolation que donne l'écriture, dangereuse peut-être, peut-être salvatrice : elle permet d'échapper à la mortelle alternance action-observation, action-observation, en créant une forme supérieure d'observation, une observation non point plus précise, mais faite de plus haut ; et plus elle devient inaccessible à l'alternance, plus aussi elle suit les lois de son propre mouvement, plus sa route devient imprévisible et joyeuse, plus elle s'élève.

- Kafka-