mardi 24 mars 2009

Scène musicale : Retour de Yann Perreau

Vive les journées de congé !

Surtout lorsqu'elles nous permettent de nous procurer le tout nouvel opus de l'enfant terrible de la scène musicale québécoise. Tout frais sorti du four en ce 24 mars. Pour ceux qui ne se procureront pas l'album, allez à tout le moins écouter les 2 nouvelles pièces que l'on retrouve sur le site myspace de Yann Perreau.

Et pour les adeptes comme moi, rendez-vous au Latulipe lundi prochain 30 mars pour le lancement de l'album version "live"

dimanche 22 mars 2009

Kubrick, un grand maître

Ceux qui me connaissent bien savent à quel point j’ai une admiration sans borne pour le travail de Stanley Kubrick. Je suis tombée ce soir par hasard sur un documentaire tourné deux ans après la mort de ce grand réalisateur : A life in pictures (2001)

Personnage absolument fascinant, passionné de photographie et redoutable joueur d’échecs. Aux dires des intervenants que l’on rencontre tout au long du documentaire, Kubrick abordait la vie et surtout son travail de réalisateur, exactement comme un stratège aux échecs le ferait. D’une intelligence hors du commun, ses paris cinématographiques pouvaient paraître risqués, mais il y avait derrière chacune de ses actions une logique longuement mûrie… chaque image, chaque ligne de texte étaient méticuleusement pensées… d’où la raison pour laquelle il s’écoulait tant d’années entre chacun de ses films.

Je pourrais enchaîner ainsi pendant « mult » paragraphes traitant de l’aspect viscéral que revêtait la musique dans les films de Kubrick ou sa grande maîtrise de la réalisation et de l’image, mais je vous laisse le soin de mettre la main sur ce documentaire ou encore de consulter The Kubrick Site qui regroupe une grande variété de critiques et d’analyses publiées sur ses œuvres au cours des années.

Chose certaine, les films de Kubrick répondent à un des critères du philosophe David Hume : Ils ont traversé le temps comme très peu d’œuvres cinématographiques peuvent se vanter de l’avoir fait.

À découvrir ou à redécouvrir


Note technique fort intéressante pour ceux qui connaissent bien la photographie, le film "Barry Lyndon" a été tourné entre autre avec une lentille Zeiss ayant une focale de 0.7 ! Pouvez-vous imaginer l'absence de profondeur de champ...

vendredi 20 mars 2009

Chef-d'oeuvre ou navet

Combien de fois m’est-il arrivée d’avoir une argumentation musclée avec un ami sur la prétendue pertinence ou qualité d’un film. Qui a raison, qui a tord ? D’un tempérament à m’emporter, j’avoue humblement que j’ai toujours eu, et encore à ce jour, de la difficulté avec les individus qui sont incapables de reconnaître la beauté d’une œuvre. Qu’il s’agisse d’un film, d’un livre ou d’une pièce musicale, il est difficile de convaincre les dissidents lorsqu’on est incapable de s’appuyer sur des notions concrètes. Y-a-t-il quelquechose de plus abstrait que l’art ?

La philosophie de l’esthétique, développée par
David Hume, nous donne une excellente piste pour décortiquer la pertinence du jugement d’une œuvre. « De la norme du goût » est l’une de ses œuvres marquantes. Je vous invite à le lire et surtout à commenter :

Titre : Hume, Slumdog Millionaire et Bollywood
Édition :
14-15 mars 2009
Auteur : Mélissa Thériault

Le philosophe écossais refusait de croire que des goûts et des couleurs on ne discute pas

Deux fois par mois, Le Devoir propose à des professeurs de philosophie ou d'histoire, mais aussi à d'autres auteurs passionnés d'idées, d'histoire des idées, de relever le défi de décrypter une question d'actualité à partir des thèses d'un penseur marquant. Cette semaine, reprise de la querelle du «goût» chez David Hume, par le truchement d'un film oscarisé et de la machine de Bollywood.

Le récent succès du film Slumdog Millionaire du réalisateur Danny Boyle témoigne d'un engouement généralisé pour la culture fascinante de l'Inde. Racontant les (més)aventures d'un garçon issu d'un bidonville de Mumbai, l'histoire se termine par une danse chorégraphiée, clin d'oeil de Boyle à un procédé typique de l'industrie cinématographique de cette ville, berceau des films de style Bollywood. Très populaires, ces comédies musicales, contrairement à Slumdog Millionaire, sont rarement considérées ici comme de bons films, peut-être parce qu'elles correspondent moins aux normes artistiques occidentales.

Mais sur quoi se base-t-on pour établir de telles normes? Quels sont les critères pour juger de la valeur d'une oeuvre d'art comme Slumdog Millionaire ou les films de Bollywood. Et surtout, qu'est-ce qui fait que, malgré la diversité des goûts, nous nous entendions souvent -- pensons aux Oscars -- sur la valeur d'une oeuvre d'art? Le philosophe écossais David Hume (1711-1776) s'est penché sur ces débats dans plusieurs essais, dont De la norme du goût, rédigé vers 1757.

Contrairement à la croyance répandue, la plus grosse industrie cinématographique en matière de production et d'audience n'est pas basée à Hollywood mais à Mumbai (anciennement Bombay, d'où le néologisme Bollywood pour désigner les comédies musicales indiennes influencées par les modes de production hollywoodiens). Il s'y produit près de 1000 films par année, destinés à un public potentiel de plus de trois milliards de personnes en Inde, au Moyen-Orient, en Asie centrale, en Afrique et en Amérique latine.

Cette popularité croissante nous indique-t-elle que ces productions ont une quelconque valeur artistique? Peu importe, dirons plusieurs: lorsque le public aime, inutile de s'interroger ainsi. Cette logique de l'audimat ou des cotes d'écoute est souvent celle qui clôt le débat de nos jours. On doit pourtant se demander pourquoi ce type d'oeuvre suscite autant d'intérêt: c'est précisément ce que Hume a fait en partant à la recherche d'une norme du goût.

Le dogme du relativisme
On aime à répéter aujourd'hui que tous les goûts sont dans la nature, ou que des goûts et des couleurs on ne discute pas. Ces proverbes, qui confortent le relativisme dont notre époque a fait un dogme, sont en revanche rarement appliqués à la lettre: nous cherchons spontanément à justifier nos goûts ou à discréditer le goût d'autrui... surtout lorsqu'il diffère du nôtre! «Nous sommes enclins à appeler barbare tout ce qui s'écarte de notre propre goût et de notre propre compréhension», disait Hume.

Cette question a été âprement discutée par les auteurs intéressés par l'esthétique, un domaine de la philosophie qui cherche à définir ce qu'est le beau (et, par extension, ce qu'est une belle ou une bonne oeuvre d'art). Définie comme une «science du perçu», l'esthétique philosophique a connu son âge d'or au XVIIIe siècle. David Hume, l'un de ses plus illustres représentants, a cherché à cerner ce qui fait qu'il existe une règle, un standard qui permet de juger de ce qui est ou non de bon goût. Depuis, les débats sur la normativité esthétique (soit les règles d'appréciation qui affectent nos jugements esthétiques) font rage.

Aucune universalité
Au XVIIe siècle, la notion de goût sort du domaine culinaire pour entrer dans le vocabulaire philosophique, avec le sens métaphorique qu'elle conservera par la suite, soit une faculté de discerner ce qui est valable esthétiquement et artistiquement. On est donc, à l'époque, assez loin du sens qu'on lui attribue aujourd'hui, soit celui d'une préférence personnelle: on l'entendait alors comme un standard, une convention.

Chez Hume, le goût est une règle qui permet d'établir ce qui est beau ou non. Mais la première difficulté sur laquelle il se butera est de constater qu'en matière de goût, il n'y a aucune universalité qui semble valoir. Abandonnera-t-il pour autant sa recherche en concluant que tous les goûts se valent? Non. Tenant pour acquis qu'il est naturel de chercher une règle universelle qui expliquerait pourquoi nos goûts s'accordent ou diffèrent, le philosophe tente d'élucider la question autrement. L'objet n'est plus beau ou plaisant en lui-même, mais parce qu'il éveille certaines dispositions du récepteur.

Les conditions de réussite esthétique et artistique sont alors déplacées de l'objet vers le sujet: «La beauté n'est pas une qualité inhérente aux choses elles-mêmes, nous dit Hume, elle existe seulement dans l'esprit qui la contemple, et chaque esprit perçoit une beauté différente.» On pourrait alors être porté à penser que les films de Bollywood sont bons parce qu'ils plaisent à beaucoup de gens. Mais ce serait mal comprendre Hume.

Un test du temps
En effet, les transformations liées au contexte historique dans la production artistique font en sorte que l'expérience est transformée par les chocs entre les époques, ce qui nous permet de renouveler notre interprétation des oeuvres. L'histoire joue ainsi un rôle essentiel dans la constitution d'un ensemble de règles qui guident nos manières de produire des oeuvres artistiques, mais aussi de les apprécier. Hume fait donc intervenir l'idée d'un «test du temps», qui apparaît comme une condition nécessaire pour conclure qu'une oeuvre possède une grande valeur artistique. Par exemple, une oeuvre d'art produite en fonction d'une mode sera généralement oubliée sitôt la mode passée. Ne dit-on pas souvent qu'une oeuvre a bien ou mal vieilli?

Il faudra attendre quelques années avant de pouvoir affirmer hors de tout doute que les films de Bollywood d'aujourd'hui, tel Slumdog Millionaire, sont bons ou mauvais. Le recul est nécessaire. Par exemple, Om-Shanti-Om, le méga-blockbuster de 2007 mettant en vedette le séduisant Shahrukh Khan (la plus grande star de Bollywood), a beau avoir été le film le plus populaire de toute l'histoire de l'industrie et avoir été récompensé de plusieurs prix, le charme opérera-t-il dans 25 ans? Si oui, on pourra dire qu'il a effectué avec succès le test du temps. Des oeuvres bollywoodiennes sont considérées comme classiques: Le Grand Moghol, réalisé en 1960 par K. Asif, par exemple. On peut voir dans le fait qu'une oeuvre soit estimée depuis longtemps un indice de sa valeur. Pour Hume, ce n'est toutefois pas le seul critère.

La conformité aux règles classiques de la beauté d'une époque n'est pas non plus suffisante, à ses yeux, pour conclure qu'une oeuvre a une grande valeur. On peut respecter les règles de production et arriver à un résultat totalement inintéressant. C'est le piège de l'académisme. À l'inverse, une oeuvre moins réussie sur le plan technique peut néanmoins l'être sur le plan artistique.

Selon Hume, on doit distinguer le goût physique et le goût de l'esprit. Le décalage entre ces deux niveaux fait en sorte qu'une oeuvre peut nous plaire malgré ses imperfections. Ainsi en est-il de ces comédies musicales bollywoodiennes peu conformes à nos standards occidentaux. Souvent très longs (trois heures ou plus!), peu réalistes, à l'eau de rose, voire carrément quétaines, incohérents et mal scénarisés, selon plusieurs, ces films plaisent par leur surenchère de couleurs et l'élan de leurs chorégraphies. Sont-ils de bons films pour autant? Difficile à dire.

Homme de goût
La variété des réactions possibles face à un même objet amènera Hume à conclure que les différences de préférences s'expliquent par les dispositions du spectateur. Une personne peut être touchée par une chose qui en laissera une autre indifférente. Cela vaut aussi pour notre exemple: les films de Bollywood ont beau avoir un public planétaire, il se trouvera toujours des gens pour ne pas en comprendre l'intérêt. Le philosophe écossais demeure cependant attaché à une idée d'objectivité du beau. Il résout l'opposition entre diversité des préférences et unité de la règle en assimilant la norme recherchée à une certaine idée de la nature humaine.

C'est cette nature humaine qui agit comme constante, ce qui fait en sorte que le goût n'est pas totalement relatif. Il peut cependant être amélioré: chez Hume, il n'y a pas plus de bon goût que de génie entièrement inné. L'un comme l'autre proviennent de la maîtrise des règles de l'art et du talent. Ainsi, même si la nature produit une diversité dans les préférences, elle fournit en même temps l'étalon qui permet de comparer entre elles les impressions: l'idée de goût.
Si Hume admet le caractère subjectif des goûts, il refuse cependant d'abandonner l'idée d'une norme, d'une référence objective. Il règle alors le problème en faisant valoir que la grande diversité dans les goûts n'implique pas que ceux-ci se valent tous: le tempérament du spectateur et le contexte social sont les deux causes principales qui peuvent influer sur le goût d'un individu. Ainsi, nous pouvons ressentir du plaisir au contact d'une oeuvre (et ce sentiment sera toujours vrai, selon Hume), mais ce plaisir ne suffit pas à rendre valable le jugement positif porté sur l'oeuvre.

C'est ici que Hume fait entrer en scène le fameux «homme de goût» dont le jugement sert de modèle. Pour juger adéquatement, l'homme de goût doit être situé dans un contexte approprié, posséder une capacité de comparaison, être doté de bon sens et exempt de préjugés, se démarquer par la délicatesse de ses sens et compter parmi ses habiletés la pratique d'un art. Puisqu'il n'est pas donné à tous de répondre à ces exigences, peu de gens seraient en mesure de distinguer les bonnes et mauvaises oeuvres.

Par conséquent, la popularité des films de Bollywood ne suffira jamais à proclamer la supériorité artistique sur tous ces autres qui n'attirent qu'un maigre public. Dans la logique de Hume, il faut plutôt les évaluer en nous mettant dans la peau d'un homme de goût. Ce qui n'est pas sans difficultés. Difficile d'être exempt de préjugés face à une oeuvre issue d'une culture radicalement différente de la nôtre...

Élitisme ?
Nulle surprise que la vision de Hume ait été taxée d'élitisme. Le philosophe précise pourtant que le jugement de l'homme de goût n'a de valeur que s'il est acceptable par tous, c'est-à-dire s'il présente un caractère universel. Autrement dit, si on considère que le jugement de certains individus est plus fiable que celui des autres, c'est simplement parce qu'il est pratiqué dans des conditions idéales et non parce qu'il représente une quelconque autorité.

Par exemple, dans le cas où l'homme de goût imposerait arbitrairement ses choix (ou ceux de sa classe sociale), son verdict n'aurait pas de valeur parce qu'il serait issu du sentiment et de la préférence personnelle et ne satisferait pas aux conditions énoncées par Hume. Un fan des films de Bollywood aura peut-être de la difficulté à mettre son sentiment de côté et à juger de façon objective ces films qui lui procurent tant de plaisir. À l'inverse, l'expert en cinéma ne peut se servir de son autorité pour discréditer ce qui ne cadre pas dans ses préférences personnelles. Qui peut juger de l'oeuvre? La réponse se trouve quelque part à mi-chemin entre les deux.

La beauté est dans l'oeil de la personne qui regarde: voilà qui résume la conclusion à laquelle parvient le philosophe écossais. Si on n'a souvent vu dans ses écrits qu'une simple approche relativiste de l'expérience esthétique, c'est qu'on n'a pas toujours su dégager en quoi son approche, malgré les difficultés qu'elle comporte, était riche. David Hume aurait-il préféré Slumdog Millionaire ou les films de Bollywood? On ne le saura jamais, mais il est certain que l'un et l'autre auraient piqué sa curiosité. Et, qui sait? ils lui auraient peut-être donné envie de danser.

dimanche 15 mars 2009

Actualité culturelle de l'autre côté de l'atlantique

Je ne crois pas que nous ayions au Québec un site qui couvre notre actualité culturelle comme le fait evene du côté de la France. Si je me trompe (ce qui arrive rarement), s.v.p. n'hésitez pas à m'en faire part :o)

Evene.fr : une source d'information fort diversifiée à ne pas négliger !

Bien sûr au Québec, nos moyens sont assurément moins grands et notre intérêt pour la culture moins accru que celle de de nos cousins français. Mais tout de même, un tel outil serait le bienvenue ! Ceci, comme bien d'autres exemples, notamment de récentes décisions politiques en matière de culture, démontre bien l'infime importance qu'accorde notre société à la culture et à ses artistes.

Saviez-vous que
Hubert Aquin est devenu écrivain à défaut de devenir banquier ? Le métier de banquier étant réservé aux anglophones, il restait les arts pour les francophones. Et comme il le dit si bien dans une entrevue radiophonique entendue ce matin à Lebigo, "Le talent d'artiste est celui que l'on prête volontier aux pauvres, à défaut de leur prêter de l'argent". Comme quoi les moeurs n'ont pas beaucoup changé au cours des dernières décennies...

jeudi 12 mars 2009

Mashup musical

Pour cette première intervention dans le monde virtuel, pas question de faire mon entrée en douce… je voulais quelquechose d’inhabituel, qui frappe, qui surprend par son originalité.
C’est finalement un junkie de la musique, quasi aussi obsessif que moi, qui m’a fait découvrir ce qui suit

Un mashup musical, vous connaissez ?
Jusqu’à hier, j’aurais moi aussi répondu non à cette question

J’aime profondément la musique, mais sa mathématique et sa technique demeure pour moi un pur mystère. Pourquoi ce mashup fonctionne-t’il ? Car chacune des pièces est bâtie selon un rythme 5/4 (5 notes dans une mesure à 4 temps). En fait, il s’agit plutôt de 2 mesures : une de 2/4 plus une de 3/4. Cette explication découle des mathématiques pures qui nous enseignent que tout nombre se décompose en groupe de 2 ou de 3 ou d’une combinaison des 2. Comme quoi même les manifestations artistiques les plus émotionnellement inexplicables sont loin d’être dénuées de rationnalité