dimanche 4 septembre 2011

Arts gravitationnels


Jamais n'ai-je eu l'impression que mon monde gravitait autant autour des arts...

Le mur de la ma chambre s'est transformé ce matin en une muraille tâchée d'encre et d'idées, mon salon en un garde-manger d'époque, des pots Masson alignés sur le sol, vides, attendant la corruption de leur translucidité. Rien n'est plus tout à fait clair lorsque l'on accepte au quotidien la pensée comme agent d'expansion. La réalité et la fiction se bousculent soudainement, embrouillant les conceptions qui peuplent notre esprit, celles du moins que l'on avait choisi de faire crever dans le stoïcisme.

Les voilà qu'elles prennent leur revanche en saupoudrant un peu de matière créative dans mon esprit. Au cours des prochaines semaines, des petits bouts de papier déchiquetés rempliront l'espace vacant de ces bocaux initialement destinés à conserver la matière comestible. Ceux qui siègent actuellement au conseil du "living room" serviront plutôt à conserver la matière créative, grise et arc-en-ciel à la fois, intellectuelle à la recherche d'une colline enneigée pour débutant, question d'éviter les trop rudes chutes.

Et puis viennent les après-midi. Ceux qui nous servent d'échauffements, qui développent la connaissance par le biais de l'observation du travail de l'autre plutôt qu'à travers les écrits lui étant consacrés.

Mettre le manger mou au placard pour s'attaquer à la cuisse de boeuf cru que l'on lorgne depuis quelques mois.

Comme aujourd'hui par exemple, où j'ai enfin mis les pieds à l'Arsenal, nouvel espace chéri de l'art contemporain à Montréal, dont on dit grand bien depuis le printemps dans les médias. D'abord hypnotisée par des toiles du peintre Pierre Dorion. Des masses de couleur lumineuses superposées l'une sur l'autre, qui lorsqu'observées suffisamment longtemps, donnent l'impression d'un cliché photographique traduit en abstraction picturale. Une scène modifiée, calquée dans sa forme, dénudée dans son sujet, ne conservant que l'essence même de ce qui rend notre environnement visible à l'oeil, la lumière et son spectre. Puis plus loin, il y eut Isabelle Hayeur, artiste qui sert l'angoisse aux aqua et ablutophobes sur un plateau ballottant. Ses photographies, mi aqueuses mi terrestres, trônent à l'entrée de la galerie René Blouin. Tant d'interprétations possibles ici, je ne m'y aventurerai pas sans piolet, ni crampon. Le résultat serait trop amateur. Au nombre des artistes qui m'ont bien plu, on ajoute aussi Pascal Grandmaison et Nicolas Baier.

L'après-midi se termina sur la terrasse d'un petit café dans Villeray, un Lapouge en main pour épicer cette journée tirant à sa fin.

Et finalement, il y aura les soirées consacrées à mon deuxième emploi du temps une fois l'hymne du 9 à 5 terminé, celui de responsable des communications pour le festival Art Souterrain édition 2012. C'est cette semaine que j'envahirai leur enclos, niché à la galerie SAS, de mon enthousiasme survolté et, avouons-le, sans doute un peu apeurant pour les autres collaborateurs. Frénésie bénigne au sens de crinqué, un atout indéniable lorsqu'il s'agit d'interagir avec des artistes narcissiques. Question d'équilibre entre intervenants pour une meilleure gestion des 130 artistes qui berceront mes couchers de soleil pour les 7 prochains mois.

L'hiver sera palpitant !

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