lundi 19 octobre 2009

The Red Chapel

J’ai rarement vu une foule aussi divisée à la sortie d’un film. Ce fut le cas du documentaire The Red Chapel, visionné samedi soir à l’Excentris. Je vous mets en contexte. Les personnages de cette arnaque sont 3 Danois, dont 2 d’origine Coréenne et dont l’un d’eux est un handicapé. Prétextant vouloir contribuer à l’échange culturel entre le Danemark et la Corée du Nord, ils se feront passer pour une troupe de comédiens voulant offrir une partie de leur patrimoine à travers la mise en scène d’un classique du théâtre Danois.

Toute cette comédie n’est en fait qu’un prétexte pour capturer sur pellicule le vrai visage de ce pays divisé dont le peuple est encore aujourd’hui otage de la dictature en place. Pyongyan, la ville fantôme, nous accueille à grands coups d’artères désertes, de saluts respectueux et de classes d’enfants si bien domptés qu’on se croirait dans une manufacture de robots dernier cris. Les seules personnes à habiter la capitale sont les amis de la dictature. Que ce soit par intérêt, par peur ou par conviction, ils disent oui à ce régime de peur se retrouver au-delà des collines verdoyantes entourant la capitale, où les leurs, ceux qui ont dit non, survivent dans des camps maintenus sous haute garde.

L’aventure des Danois s’avère très intéressante puisque l’hypothèse de départ se voit confirmé : l’échange culturel en Corée du Nord se fait à sens unique. Les instances coréennes assignées à nos 3 documentaristes Danois finiront par retirer toutes les composantes danoises du sketch proposé et réussiront même à y intégrer une dimension politique. Admirable de voir comment on ne peut se soustraire à la ligne de conduite et à la censure nord-coréenne.

Mais encore fallait-il que les Danois s’en mettent un peu sous la dent. Oui, nous obéirons au doigt et à l’œil à vos grotesques instructions, mais nous nous paierons votre gueule :o) C’est ainsi qu’ils liront un court poème devant la statut de Kim Jong-il, prétextant qu’il s’agit d’un poème d’un célèbre révolutionnaire Danois.

What love is

Love is like
pineapple
sweet &
undefinable

Avec tout le tact légendaire que l’on connaît aux asiatiques, ils s’inclineront devant la statut du dictateur à la lecture de ce poème. Imaginez un peu la scène. Et ce n’est pas la seule. Il en pleut tout au long du documentaire. Mais comme j’écris sur ce blog surtout pour moi, je m’épargnerai les innombrables exemples :o)

Bref, même si certains diront qu’il est éthiquement douteux de profiter de la condition d’un jeune handicapé pour s’offrir les nord-coréens sur un plateau d’argent, j’avoue avoir pris plaisir à voir ce pauvre peuple défendre avec autant d’ardeur ses convictions, sans jamais s’apercevoir qu’on se payait leur tête.

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