lundi 31 janvier 2011

Club Social


Incursion couleur café dans le mile-end cet après-midi. Je me dirige vers le club social, a worth-while alternative, dit-on, lorsqu'Olimpico est bondé. J'entre. Une seule table est libre, petite, à mi-chemin entre l'entrée et le fond de la salle, dans le noyau de vacarme. Exactement ce que je cherche. Je m'assois. Je suis traversée d'un frisson de bonheur. J'ai retrouvé la foi... la foi en ces dimanches qu'on laisse aller à la dérive. Ceux que l'on aime pour leur attitude incertaine et leur désinvolture panique à l'idée qu'il ne reste qu'une journée pour prendre le plaisir par la main.

Au club social, on y retrouve une faune hétéroclite.

Les vieilles âmes y fréquentent les trios familiaux, papa, maman, fiston, qui ont troqué le BigMac, la frite et le coke pour la richesse de la vie de quartier et de ses cafés. Les meilleures places, ce sont les vieux qui les ont décrochées. Prêt de la fenêtre, là où le soleil fait son oeuvre et où les tables en bois défraîchi sont larges et accueillantes. Ils y sont nombreux, attablés depuis bonne lurette, faisant virevolter les cartes à grand coup de main. Pique, coeur, carreau, trèfle, sans atout, craquelée, noircie et... brutale au son de la victoire. Un double-sens. La main est à la fois l'amorce et la finalité aux cartes. Le véhicule de l'espoir et l'assemblage qui fait tomber le jugement. Une main qui construit une main. Ironique que d'avoir donné le même nom au créateur et à sa création.

Au club social, on y parle gras.

On se connaît et se salue fort, à s'en époumoner. Ça fait partie du jeu, celui de la familiarité avec un grand F. On sert les cafés avec amour et spontanéité, d'un geste machinal et élégant, avec la torsion du poignet propre à celui qui connaît par coeur le doigté requis pour exceller dans l'art de concocter un café. Kleist (que je commence à découvrir) soutient que les idées viennent en parlant. Et bien je dis que les idées viennent en observant, aussi. Stashez-vous dans un café, observez et vous en ressortirez non seulement avec l'arôme du meilleur espresso en ville emprisonné dans vos cavités nasales, mais avec des idées insoupçonnées avec lesquelles jongler.

Après-midi utile ou futile ? À vous d'en juger, il n'y a qu'une lettre de différence.


1 commentaire:

  1. Premièrement ton texte est très bon, on a l'impression de t'accompagner là-bas... quoiqu'à bien y penser, il n'y avait qu'une petite table alors c'est mieux d'être une personne menue afin d'y être confortable.
    Deuxièmement, pour les lecteurs paresseux qui aiment bien passer outre les devinettes, voici l'adresse du "club" : 124 rue St-Viateur Ouest, Montreal. (514)495.0756

    RépondreSupprimer